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Blow horn ! (Klaxonne !) Le Ladakh en Royal Enfield

Un voyage au Ladakh en Royal Enfield, la « Manali – Leh highway » à moto, Inde du 14 au 28 juillet 2010.

Inde, sur la route

Pourquoi ce titre allez-vous me demander ?

Il est probable que ces deux mots, blow horn, si vous avez un jour l’occasion d’aller rouler à moto en Inde, resteront gravés dans votre mémoire. Inscrits au cul de quasiment tous les camions, vous ne pourrez pas les rater… et lorsque l’on parcourt la route Manali – Leh au Ladakh en Royal Enfield 500, des camions on en croise, on en double et on se fait doubler un nombre de fois incalculable tous les jours, les dépassements étant toujours accompagnés d’un petit coup de klaxon pour prévenir…

Mais revenons à Delhi où tout a commencé chez Inder Motors.

Quand on parle de location de Royal Enfield à Delhi, Lalli Singh semble incontournable, recommandé par beaucoup de ceux qui ont loué une moto sur Delhi et reconnu pour louer des motos en bon état mécanique.

Je n’ai pas été déçu, tout est super carré, des papiers en règle, une moto assurée, des pièces de rechanges, un essai de la moto dans un endroit tranquille, une petite formation à l’entretien et aux opérations mécaniques de base, de bons conseils et une sensibilisation aux risques de la conduite en Inde, ce qui n’est pas du superflu !!!

Il est franchement très professionnel et sérieux. Il n’est cependant pas seul sur la place, le quartier de Karol Bagh regroupe beaucoup de boutiques qui peuvent aussi proposer des motos à la location. Après, l’inconvénient réside principalement dans le fait que si on ne dispose pas de beaucoup de jours, on peut perdre du temps à comparer plusieurs propositions et plusieurs loueurs…

La moto qui m’est proposée est très bien équipée, des racks à l’arrière pour fixer les bagages et réservoirs supplémentaires, une caisse métallique contenant les pièces détachées, et un réservoir de 16l parfait pour l’autonomie.

Après une après-midi passée dans son atelier, je suis reparti en fin de journée avec la moto sous un orage de mousson qui délivrait enfin la ville de la chaleur étouffante qui l’accablait depuis mon arrivée. Pour une première expérience au guidon de l’Enfield, cela m’a déjà permis de vérifier qu’elle ne craignait pas l’eau.

Cérémonie puja de protection de la moto – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

L’arrivée en Inde, deux jours plus tôt, fut un choc pour moi. J’ai débarqué à Delhi au milieu de la nuit et dans le petit van délabré qui me transportait, j’ai été frappé par la multitude de gens dormant dehors, parfois sur un simple bout de carton, au bord même de l’autoroute qui relie l’aéroport à la ville. Comme pour profiter des moindres mouvements de l’air déplacé par les véhicules qui les frôlent dans l’atmosphère étouffante de la nuit.

J’avais donc mis à profit ma première journée à Delhi pour aller me balader à pied du côté de Karol Bagh pour trouver la boutique de Lalli. La misère et la détresse sont très présentes dans la rue, aussi bien pour ceux qui y vivent que ceux qui y travaillent. Cela me bouscule, le fait que je sois là ou pas n’y changerait rien mais cela me touche profondément.

Après avoir récupéré la Royal Enfield. J’ai passé une journée supplémentaire à Delhi pour finir de préparer le voyage, le temps de faire quelques courses, et aussi pour se lancer une deuxième fois dans la circulation bouillonnante de la ville, pour aller faire le plein de la moto par exemple, s’il avait fallu trouver une raison…

Ma 500 démarre plutôt bien, et ce matin devant l’hôtel, tous les regards étaient braqués sur moi, ils se demandaient bien si j’allais réussir à démarrer, mais bon après sept ou huit coups de kick, le mono a craqué et maintenant si je suis à la lettre les conseils de Lalli, à savoir maintenir la poignée de gaz légèrement entrouverte au démarrage sans la faire tourner, le moteur craque avec facilité du premier coup.

En moins de cinq kilomètres, je me fais « pousser » à deux reprises, sans gravité heureusement, par des voitures. Ils serrent tellement dans les embouteillages qu’ils viennent frôler jusqu’à toucher les racks de mon porte bagage. Ils sont au ras du sol, élargissent exagérément le gabarit de ma moto et sont peu visibles pour un conducteur de voiture, mais c’est tout de même assez désagréable !

Je quitterai donc Delhi très tôt le matin pour essayer de bénéficier d’un trafic un peu moins oppressant et peut-être d‘un peu de fraîcheur ?

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Mes notes de voyage, au jour le jour :

Une représentation de Ganesh sur un temple

14/07 Delhi – Chandigarh
Réveil 5h, départ 6h, ma moto était garée devant l’hôtel, sous des fils électriques qui servent de perchoir à de grosses corneilles. Bilan, une moto crépie, surtout la selle, peut-être que cela porte bonheur ?
Delhi est quasi déserte, mais la circulation y est quand même tendue car les quelques véhicules qui roulent se croient seuls au monde ! Cette ville est oppressante, tout au moins pour moi.

Je vais tracer le plus directement possible vers Chandigarh, l’autoroute est assez dégagée, mais c’est un véritable cirque, très dangereux. Sur les 100 premiers kilomètres il y a déjà 3 accidents impliquant bus et poids-lourds. En fait la majorité des camions pour ne pas doubler sans cesse, restent en file indienne (normal !) sur la voie de droite et les véhicules plus rapides zigzaguent entre eux et les plus lents serrés normalement à gauche, c’est à dire moi, des vélos, des piétons, des tricycles. C’est là que ça craint, il faut surveiller les rétros.

Sur la route, certains sont surpris de voir un occidental sous le casque, un Sikh s’arrête à ma hauteur, au feu et me questionne sur ma destination. Je tchatche aussi le temps d’un feu avec un motard qui part bosser.
Je fais une pause, sur le bord de la route le long de champs immenses, un des ouvriers qui bossait dans le champ, vient me voir pour me faire goûter leur production, mi-concombre mi-courgette, très bon d’ailleurs. Il voulait m’en offrir une brassée que je ne peux malheureusement pas accepter, c’est très gentil, j’en garde un pour la route. Il repart rapidement car il aperçu quelqu’un que j’imagine être son contremaître qui lui a l’air d’être beaucoup moins sympa.

A midi, repas végétarien, un buriani très épicé avec carottes, chou fleur, petits pois, haricots verts, excellent !
Chandigarh est une ville conçue par l’architecte Le Corbusier, découpée en secteurs, avec beaucoup d’espaces verts, une architecture étonnante mais que les habitants se sont visiblement appropriée sans problèmes. Je suis maintenant au Penjab, le pays des Sikhs.
Le soir je poursuis ma découverte de la nourriture locale dans un petit bar/resto au rez de chaussée d’un bloc proche de l’hôtel, poulet tandoori et pois chiches massala, super bon mais ça arrache.

Un gars complètement bourré, mais très gentil au demeurant, jette son dévolu sur moi. Il vit en Angleterre, sa famille vit ici et il avait envie de me parler de sa vie. Ce bar est un endroit assez étonnant, c’est très simple, un univers exclusivement masculin, je suis un peu la bête curieuse, mais tout le monde me gratifie d’un sourire, d’un petit signe. La majorité des clients viennent ici pour picoler, vu le nombre de bouteilles vides qui traînent sur les tables. L’endroit est tout de même un peu en retrait, pas d’enseigne, pas de terrasse extérieure, limite un peu planqué, je suis rentré là par hasard car l’endroit me semblait être animé.

15/07 Chandigarh – Manali
Départ 6h30, rien d’ouvert pour prendre un café, un peu plus loin sur la route, je n’aurai droit qu’à un thé au lait avec une mite noyée dedans. La route est difficile, avec un gros trafic de camion, elle commence à prendre de l’altitude, la montée est belle. Cela devient beaucoup plus agréable. J’arrive à Manali à la tombée de la nuit.

16/07 Manali – Darcha
Départ à 7h00 dans la brume, il a plu toute la nuit sur Manali. La montée vers le Rhotang la, assez rude, commence par un petit serpentin de bitume qui se transforme assez rapidement en piste boueuse. La route est très vite coupée par un éboulement, un bouchon s’est formé, 1/2 h d’arrêt.

Au dessus des nuages, sur la piste du Rhotang la – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

En haut, le manque d’oxygène est sensible, j’ai le souffle court. Je prends un café et un chauffeur qui transporte des touristes indiens, avec qui j’avais discuté dans le bouchon me donne les clefs pour la suite, le dernier point de ravitaillement en essence, des distances précises, où s’arrêter, les check points. Merci Rado, ce sont de très bons conseils.

La piste est bien meilleure après le col, je refais le plein de tous mes réservoirs à Tandi, pause déjeuner à Keylong, un petit resto qui propose un plat unique de beignets de poulet.

Je retrouve un peu de goudron, la route est magnifique, piste à nouveau, mais très bonne en redescendant vers Darcha, il y a pas mal de gens qui se déplacent à pied sur la route et les femmes tricotent en marchant, c’est étonnant !.

Darcha est un petit village de baraquements, de bric et de broc, construits au bord de la rivière Bhaga. Il y a un endroit où dormir et je peux me laver à la rivière. La vie ici est rythmée par la nature, il n’y a pas d’électricité. La maîtresse de maison me propose pour manger un plat de riz avec un curry végétarien et une « lentil soup », c’est parfait.

17/07 Darcha – Pang
C’est parti pour la montée vers le Baralacha la, il pleut et il fait un froid glacial ce matin, la neige qui avait commencé à fondre s’est transformée en verglas en approchant du sommet. Le col est bloqué, un convoi militaire est arrêté par un bus en panne, et je n’ai pas la place de me faufiler à moto, la passe est étroite, ça caille sévère mais au bout d’une demi-heure tout se débloque et j’entame la descente rapidement.

Passage du Nuchli la, la route est superbe avec des paysages à couper le souffle, au propre comme au figuré ! Un dernier col à passer, le Lachulung la avant d’entamer la descente vers le village de tentes de Pang. Sur la route, j’ai fait la connaissance de Roshan et Shreerang, deux motards indiens qui font un peu le même parcours que moi. Nous faisons étape à Pang, le soir je suis en vrac, mal de crâne, nausées, je subis l’altitude, je m’enfonce dans mon duvet jusqu’au lendemain matin.

18/07 Pang – Leh
Ce matin, j’ai retrouvé la forme, départ tranquille vers 8h30, Je roule avec Roshan et Shreerang, mais nous avançons à notre rythme et nous retrouvons lors des haltes sur la piste. le passage du Tanglang la est grandiose, ça y est je suis vraiment au Ladakh !

Passe du Tanglang la, 5328m – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

Sur la piste, descente après la passe du Tanglang La – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

La vallée qui redescend vers Leh est superbe, verdoyante, parsemée de petits villages, les occasions de haltes sont nombreuses et, incroyable, j’ai trouvé quelqu’un qui s’arrête plus souvent que moi pour prendre des photos.

Portraits d’enfants, village de Miru, Ladakh

Cette route/piste est un véritable cordon ombilical, elle fait vivre beaucoup de monde, ceux qui construisent le temps de la belle saison un village de tentes qui servira de relais à tous ceux qui font la liaison Manali – Leh, mais aussi ceux qui construisent, renforcent cette route, ce sont vraiment les forçats de l’Himalaya.

Ils sont un nombre incroyable, logés dans des campements de fortune au bord de la piste, à travailler sur les chantiers en cours. Leurs moyens sont dérisoires, ils sont parfois des dizaines, accroupis avec une massette, à concasser des cailloux de la taille d’un melon pour en faire un gros gravier qui servira de remblai. Dorénavant quand je serai en contrarié par mon boulot, il faudrait que je m’en souvienne et que j’ai une pensée pour ces hommes et ces femmes qui travaillent, souvent loin de chez eux, dans des conditions extrêmement difficiles.

Statuettes de Bouddha sur un marché de Leh

Le soir, au niveau culinaire, je teste des beignets de fromage avec un plat de pommes de terre et de choux fleur épicé juste à mon goût, avec un naan, c’est parfait. Le pain est excellent ici, il est presque toujours fait à la demande et peut être nature rôti, ou bien en plus beurré ou bien encore farci ; mais tout chaud sorti du four, nature, c’est toujours un régal.

19/07 Leh
Aujourd’hui, je ne roule pas, je vais faire un peu d’entretien sur la 500, un peu de lessive, préparer la suite du parcours et me balader dans Leh. Après avoir exploré toutes les possibilités, je ne peux pas revenir par le Zanskar, ça ne passe pas à moto, je ne vais pas non plus aller passer le Khardung la. Roshan et Shreerang m’ont proposé de les accompagner vers le lac Tsomoriri, mais je vais manquer de temps pour cela. Je vais donc continuer à descendre la vallée de l’Indus jusqu’au village de Lamayuru puis revenir sur Leh et redescendre par la « transhimalayenne », je n’ai guère d’autre choix et cela me permettra aussi de donner quelques photos que j’avais prises pendant la montée et que j’ai pu imprimer à Leh.

Le menu du jour est végétarien, c’est une journée ou on ne mange pas d’animaux m’explique le restaurateur, mais cela me va très bien et les momos, sorte de gros raviolis, sont excellents !
Leh est en proie à la pénurie d’essence, la station située sur la route principale à sec, je décide de redescendre un peu car j’avais repéré deux stations sur la route en arrivant mais pas de chance, là aussi les cuves sont vides, j’ai du faire au total une trentaine de kilomètres pour rien. Tant pis je verrai demain…

20/07 Leh – Lamayuru
J’essaye de partir assez tôt, la station service a été ravitaillée mais elle est maintenant assiégée. Je me mets à la queue et malgré l’apparente pagaille cela se passe plutôt bien. Le pompiste remplit les réservoirs à tour de bras, un coup à droite, un coup à gauche, avec une file spéciale pour les 2 roues qu’il ravitaille entre deux voitures et tout le monde respecte. Je crois que chez nous ce genre de situation aurait déjà dégénéré et déclenché une émeute !

La route est excellente, je suis bloqué par une déviation 18 km avant Lamayuru, il y a des travaux et des tirs de mines sont prévus. Donc je prends une petite route incroyable toute en lacets qui va me faire prendre de l’altitude de manière vertigineuse et longe la « Moon valley ». Le village est vraiment tout petit dominé par un monastère imposant qui serait un des plus anciens du Ladakh.

Lamayuru, drapeaux de prière – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

21/07 Lamayuru – Dah
Lever matinal, le temps est dégagé ce matin, j’en profite pour faire quelques photos du monastère. La route principale est toujours fermée, je repars donc par celle de la vallée de la lune. Une fois rejoint la route principale, la descente de la vallée de l’Indus est superbe, il ne manque qu’un peu de soleil car le temps s’est de nouveau couvert très rapidement. En contrebas de la route. les cultures occupent le moindre espace disponible entre la montagne et la rivière.

J’ai décidé de faire un crochet par le village de Dah situé juste avant la zone de cessez le feu avec le Pakistan. Pour y accéder, il faut passer plusieurs check points militaires auxquels je dois laisser une photocopie du permis que j’avais fait à Leh. Je passe sans voir le village et je me fais bloquer au dernier check point car j’ai épuisé mes photocopies, et de toute façon, je n’irai pas plus loin car j’ai dépassé le village, en fait il n’y a pas de route qui y mène, il faut emprunter à pied un sentier qui y monte, mais le village, noyé dans la végétation est totalement invisible depuis la route.

Il y a une guest house où je peux passer la nuit, c’est sommaire, lit de camp et terre battue mais très accueillant. Je croise quelques femmes Dardes Brokpa, c’est le nom de l’ethnie, qui portent des coiffures superbes réalisées avec des fleurs fraîches, c’est absolument magnifique. Deux vieilles dames qui papotent me proposent de les prendre en photo moyennant finance, bof, ce genre d’échange ne m’a jamais branché donc je ne ferai pas de photos. Le village et les jardins alentours sont magnifiques, les Dardes cultivent la plus grande partie de ce qui leur est nécessaire pour vivre et leurs cultures sont superbement entretenues.

Lamayuru gompa (monastère Tibétain de Lamayuru) – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

22/07 Dah – Leh
Je reprends la route pas très en forme, il y a un truc qui n’est pas passé et m’a mis à l’envers. J’apprécie d’arriver à Leh pour me poser.

23/07 Leh
Ce matin, je suis HS, ce sera donc repos aujourd’hui. En fin de journée je vais me balader vers Shali gompa et je monte jusqu’à Shanti stupa qui domine la ville.
Plein de la moto, retour à l’hôtel et il ne me restera plus qu’a boucler mon sac pour décoller tôt demain matin.

Leh, shanti stupa – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

24/07 Leh – Pang
Aujourd’hui, ça va mieux, j’ai retrouvé la forme. Je roule bien et fait étonnant, j’ai la route quasiment pour moi tout seul, il n’y a pas de trafic ce matin. Je passe le premier col dans le froid mais sans encombre. J’ai bien avancé, est ce que je tente de tirer jusqu’à Sarchu ?

J’ai prévu 3 jours pour redescendre, ne forçons pas la chance. Ce sera donc Pang et son village de tentes, et puis je suis sûrement un peu mieux acclimaté à l’altitude. Je m’arrête donc,comme à l’aller, au « Sonan Pangri Restaurant ». La petite entreprise tourne bien, elle accueille des voyageurs de passage pour une nuit, et les véhicules qui font la route s’arrêtent pour permettre à leur passagers de se dégourdir un peu les jambes, prendre un thé ou un café. En quelque sorte, c’est un peu une station d’autoroute saisonnière. Je profite aussi de mon passage pour donner les photos faites à l’aller. Il n’y a qu’un chauffeur de camion qui n’est pas là, je la confie à un de ses copains.

Une borne kilométrique improvisée sur la piste – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

25/07 Pang – Jispa
Le beau temps est au rendez-vous ce matin, je passe les cols sous un grand soleil. Je m’aperçois en roulant qu’un des supports de mon porte bagage à cassé, mais bon rien de gênant pour la suite. Par contre, j’ai fait une grosse erreur d’appréciation avant d’arriver à Darcha qui aurait pu être lourde de conséquences. Il s’en est fallu de peu que je ne me fasse embarquer par un gué que j’avais pourtant passé aisément à l’aller. En fait, c’est maintenant un fort courant qui dévale la montagne puis traverse la route avant de replonger dans le vide et puis le niveau a beaucoup augmenté.

Heureusement que je suis arrivé avec assez de vitesse car une fois au milieu du courant j’ai senti la moto se délester une fraction de seconde et j’ai bien cru partir avec l’eau du bain… mais bon c’est passé avec la vitesse. Ouf, car même en ayant attaqué la traversée au bord de la falaise, la piste n’est vraiment pas bien large à cet endroit…
Je fais étape à Jispa. Il y a là un petit atelier de mécanique ou je trouve un boulon qui me permet de réparer temporairement mon porte bagage. Merci encore a son propriétaire sympathique et chaleureux. Je suis agréablement surpris par tous les messages, affiches, panneaux qui sensibilisent et invitent à préserver l’environnement, à ne pas jeter n’importe quoi, n’importe où. J’ai le sentiment que cela porte, à part Leh, les endroits que je traverse semblent très préservés.

26/07 Jispa – Manali
Au programme aujourd’hui, passer le Rohtang la, départ dans la grisaille et je retrouve la pluie dès que je commence à monter. La piste est très boueuse et il y a là beaucoup de chantiers où les ouvriers travaillent à élargir et renforcer la route dans des conditions très difficiles. Je vais faire quelques photos avec eux et j’arrive à obtenir une adresse qui tient la route. Je les expédierai une fois rentré mais je ne saurai jamais si elles sont arrivées à bon port !

Les forçats de l’Himalaya – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

Pour l’instant, poursuite de la montée dans une boue très liquide, j’arrive au sommet dans le brouillard et la descente n’est pas mal aussi, mais ça passe la boue n’est pas assez compacte pour bloquer la roue dans le garde-boue avant. Par contre mon frein avant donne des signes de faiblesse, je crains que les plaquettes n’apprécient pas cette séance de thalasso. Plus bas, la circulation est alternée sur une rampe très difficile, il doit y avoir un bon kilomètre de bouchon.

A moto, j’ai la chance de me faufiler et de passer avant que la route ne soit fermée pour la fin de la journée. Il pleut maintenant beaucoup plus fort et la descente est vraiment difficile, je suis ravi de retrouver le goudron. A une dizaine de kilomètres de Manali, un éboulement a bloqué la route, les bull sont au travail et trois quart d’heure plus tard la voie est libre. C’est confirmé plus de frein avant, je trouve un jeu de plaquettes de rechange à Manali, mais impossible de démonter l’étrier, la vis btr est probablement grippée et l’atelier ou je me suis arrêté n’a pas une clé en très bon état, donc bilan : tête de la vis foirée, ça ne se présente pas bien.

Brouillard sur la passe du Rohtang – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

27/07 Manali – Bilaspur
Il pleut sur Manali ce matin, je passe au garage récupérer la Royal Enfield, je voulais partir tôt mais Sandeep n’arrive qu’à 11h avec ma moto. Il a tenté une réparation de fortune, on verra à l’usage… J’assiste à l’ouverture de son magasin, c’est assez surprenant pour moi, mais avant de faire quoi que ce soit dans la boutique, il y a tout un rituel religieux de prières, d’offrandes pour que la journée soit prospère et que les affaires marchent. Il m’offre un thé et je reprends la route.

Cela n’a pas tenu, au bout de 150 km, un bruit inquiétant dès que je touche le levier, la roue louvoie, il doit y avoir un autre souci au niveau de l’étrier, je finirai donc uniquement avec le frein arrière ! Je rallie Bilaspur sous la pluie, au ralenti et à la nuit tombée, je ne trouve qu’un endroit particulièrement craspouille pour me poser, le pire de tout le voyage, pfff ça grouille de vermine, je n’ai pas le courage de déménager, mais bon ça fera… demain matin à 5h j’aurai quitté les lieux.

28/07 Bilaspur – Delhi
Le jour est à peine levé lorsque je pars, c’est un moment très agréable pour rouler, la pluie s’est arrêtée. Il me reste près de 400 km à tomber si je veux être à Delhi ce soir, Je retrouve rapidement un trafic très dense, la descente sur Chandigarh est très belle, mais à bloc de Tata dans les deux sens.

Je roule souple et je ralentis surtout au frein moteur, ça sera plus facile dans la plaine… Je récupère l’autoroute vers Chandigarh, allez c’est tout droit. J’ai quand même droit à deux beaux orages de mousson, c’est un spectacle incroyable, on les voit arriver de loin, le ciel s’obscurcit, l’agitation est perceptible, les gens essayent de s’abriter et finalement cela ne dure pas, mais quelle douche…

L’entrée dans Delhi est un grand moment, je navigue un peu au cap, en demandant ma route très souvent et j’arrive finalement sans trop de mal à retrouver le quartier de Paharganj. Ah, c’est bon de mettre la moto sur la béquille !

Une pensée pour ces travailleurs de l’extrême – Le Ladakh en Royal Enfield – Inde 2010

Et comme ils le disent eux mêmes :
« When you go home, tell them of us, for their tomorrow we gave our today »

N’oublions pas, lorsque nous parcourons ces routes impossibles, tous ces anonymes qui les font exister, parfois au péril de leur vie et qui relient ainsi les hommes entre eux.

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Quelques séquences vidéo réalisées durant le voyage:

Un Tata franchit le Nakeela La sur la Manali Leh Highway. Le col de Nakeela culmine à 4.769 m

Darcha, Un Tata franchit le pont sur la rivière Bhaga à la tombée du jour.

Chris sur la piste de Pang, aller-retour.

Roshan et Shreerang sur la Manali-Leh « Highway ».

Montée vers la passe du Rohtang la.

Le détail du parcours :

Soit un kilométrage total d’environ 2666 km. Pour info, le mot « la » signifie passe ou col en Tibétain, d’où l’appellation de Rohtang la, Baralacha la, etc…

Cartes utilisées :

La carte du voyage :

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